
Recours des militaires contre les sanctions disciplinaires et vice de procédure
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Les sanctions disciplinaires prononcées contre les militaires et les gendarmes peuvent être contestées par la voie d'un recours hiérarchique et/ou par la voie d'un recours contentieux.
La décision du ministre des Armées prise sur les recours hiérarchiques formés par les militaires se substitue à la sanction disciplinaire initiale de sorte qu’il n’est plus possible, ensuite, de demander l’annulation de la sanction militaire initiale.
En revanche, les militaires et les gendarmes peuvent toujours invoquer, contre la décision du ministre, les vices de procédure entachant l’édiction de la sanction initiale.
Le cabinet d'avocat militaire, Obsalis Avocat, éclaire les militaires sur les recours susceptibles d'être introduits contre leurs sanctions disciplinaires, les moyens susceptibles de succès et les moyens susceptibles de prospérer.
Lumière sur les vices de procédures susceptibles d'être soulevés par les militaires à l'occasion de leurs recours contre leurs sanctions disciplinaires :
Aux termes de l’article R. 4137-134 du code de la défense :
« La décision portant sanction disciplinaire ou professionnelle ou suspension de fonctions prononcée à l'encontre d'un militaire peut être contestée par l'intéressé, y compris après cessation de l'état militaire, dans un délai de deux mois à compter de sa notification.
La notification de la décision mentionne la possibilité d'exercer un droit de recours administratif, ainsi que l'indication des voies et délais d'un recours contentieux devant les juridictions administratives. »
L’article R. 4137-140 du code de la défense précise ce qui suit :
« L'exercice du droit de recours n'est pas suspensif de l'exécution de la décision contestée.
A tout moment, le requérant peut décider de retirer sa demande.
Les décisions prises à l'occasion d'un recours ne peuvent avoir pour effet d'aggraver la sanction du militaire en cause ».
Il résulte de la combinaison de ces articles qu'un militaire ou un gendarme ayant fait l'objet d'une sanction disciplinaire peut la contester en formant un recours auprès du chef d'état-major de son armée d'appartenance puis, le cas échéant, auprès du ministre des Armées.
En cas de recours hiérarchique formé par un militaire ou un gendarme contre une décision de sanction disciplinaire prononcée à son encontre, la décision prise par le ministre sur ce recours se substitue à la sanction disciplinaire initiale.
En cas de recours contentieux ultérieur éventuel, les conclusions dirigées contre la sanction militaire initiale deviennent donc sans objet.
Toutefois, il en va différemment des moyens tirés des vices de procédure qui, ne constituent pas uniquement des vices propres à la sanction militaire initiale mais qui sont susceptibles d'affecter la légalité de la décision du ministre.
Cette solution a été confirmée par le Conseil d’Etat par son arrêt du 12 avril 2021 (req. n°435774) :
« 4. Il ressort des pièces du dossier que la décision prise par la ministre des armées le 3 avril 2020 a modifié la sanction prise le 2 mai 2019 à l'encontre de M. B... par l'autorité militaire de premier niveau, confirmée le 23 août 2019 par le chef d'état-major de l'armée de terre, alors qu'elle n'avait encore reçu aucun début d'exécution. Par suite, la décision de la ministre s'est substituée à ces premières décisions, de sorte que les conclusions tendant à leur annulation sont devenues sans objet et qu'il n'y a pas lieu d'y statuer. Cette substitution ne fait pas obstacle à ce que soient invoqués à l'encontre de la décision de la ministre des moyens tirés de la méconnaissance de règles de procédure applicables aux décisions antérieures qui, ne constituant pas uniquement des vices propres à ces décisions, sont susceptibles d'affecter la légalité de la décision du ministre (CE, 12 avril 2021, req. 435774).
En l’espèce, un militaire avait fait l'objet d’une sanction militaire du premier groupe en raison de comportements inappropriés, sexistes et vexatoires à l'égard de stagiaires.
Par une décision du 23 août 2019, le chef d'état-major de l'armée de terre avait rejeté le recours hiérarchique formé par le militaire concerné contre cette sanction disciplinaire.
Sur demande du militaire concerné, la ministre des Armées avait ramené le quantum de la sanction disciplinaire prononcé à son encontre, à dix jours d'arrêts.
L’intéressé avait formé un recours contentieux contre les trois décisions : la sanction disciplinaire initiale, sanction maintenue par le chef d’état-major et sanction réduite par la ministre des Armées.
Par son arrêt du 12 avril 2021, le Conseil d’Etat rejette comme étant irrecevables les conclusions dirigées par le militaire requérant contre la sanction initiale et contre la décision du chef d’état-major confirmant la sanction initiale, au motif que la décision de la ministre des Armées s’est substituée à ces deux décisions.
En revanche, le Conseil d’Etat admet la recevabilité des moyens tirés du non-respect des règles procédurales dirigées contre la décision de la ministre des Armées.
En conclusion, si la décision du ministre des Armées prise sur les recours administratifs préalables se substitue aux décisions précédentes, cette substitution n’empêche pas les militaires d’invoquer, contre la décision du ministre, des vices de procédures entachant l’édiction des sanctions militaires initiales.
Le cabinet d’avocat en droit militaire, Obsalis Avocat, accompagne les militaires et les gendarmes pour analyser la légalité des sanctions disciplinaires prononcées à leur encontre et les représente dans leurs recours hiérarchiques ou contentieux.
Par Tiffen MARCEL, avocate en droit militaire, au barreau de Paris
Maître Tiffen MARCEL, avocate de militaires et de gendarmes, a fondé le cabinet Obsalis Avocat pour répondre aux problématiques rencontrées spécifiquement par les militaires et les gendarmes de toute la France. Disposant d’une expertise reconnue dans la défense des militaires et des personnels de la gendarmerie nationale, Maître Tiffen MARCEL leur dédie son expérience dans tous les domaines du droit militaire : sanction disciplinaire, CLDM et imputabilité au service, indus de solde, jurisprudence Brugnot, procédure pénale, démission, résiliation de contrat, réclamations indemnitaires, etc.
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